Voici aux travers de mes questions une présentation de la photographe Laurence P. C’est avec beaucoup d’intérêt que Laurence a pris de son temps pour me répondre, j’en suis ravie, enfin la réponse à beaucoup de mes questions sur ce joli métier (et certainement aux vôtres). Aujourd’hui nous croyons tous pouvoir toucher plus ou moins à ce métier, nos appareils photos sont de plus en plus petits et sophistiqués les I Phone et l’application Instagram nous laisse penser que nous en sommes tous capables, nous sommes tous « des génies de la photo » sois disant…. Mais entre photographier son quotidien et un mariage rien n’est si simple. C’est pour cela qu’il existe cette profession : »photographe professionnel »/c’est dit/. J’ai souhaité aller un peu plus loin sur la profession de Laurence, son art aussi, comment elle travaille, sa sensibilité, son identité et bien sur savoir ce qu’elle pense de la déferlante de photographes « lifestyle »…Tout comme son temps le photographe évolue et Laurence nous le raconte très bien.
Futurs mariés, cette entrevue est faite pour vous: Qu’est-ce qu’un photographe professionnel? Comment savoir à qui l’on s’adresse? Comment se déroule une séance couple?
L’article qui suivra prochainement présentera le travail de Laurence: oui je sais après cette photo vous allez trouver le temps long!
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« Mon parcours professionnel se résume à cette belle aventure qui a commencée avec la création du studio SELENIUM 1996. J’avais fait un cours passage chez un autre photographe qui imposait une façon de travailler qui ne me convenait pas et je sentais qu’il y avait autre chose à faire dans le domaine de la photographie de mariage, un autre regard à apporter. Devenant indépendante, j’ai alors proposé à mes clients une image moins conventionnelle, travaillant dans des lieux plus urbains, exploitant les lumières naturelles avec un positionnement fort sur le noir et blanc( argentique à ce moment là ! ). J’avais déjà une approche très reportage.
Ma zone géographique est très étendue ayant travaillé dans toute la France.
La séance de couple est pour moi très importante. Je demande au couple 1h30 en moyenne, proposant des lieux atypiques. Je donne, dans le cadre de cette séance beaucoup de directions et de consignes souhaitant pour chacune de mes images apporter le meilleur point de vue, varier le plus possible les cadrages et surtout trouver les lumières les plus subtiles. D’autre part Je cherche avec chaque couple à exploiter autant leur photogénie que le lien intime qui les unit. Lorsque au moment de la livraison, je vois les couples surpris et émerveillés par leur propre image, je comprend alors tout ce qui fait la richesse de mon métier de photographe
Pour définir mon travail, je dirai que du départ, j’ai travaillé dans un style très reportage, cherchant sans cesse de nouveaux points de vue, cadrages et lumières. En même temps, je ne shoote jamais à tout pris. Je ne comprends pas les photographes qui promettent des reportages de 1000 photos. Chaque image doit avoir sa raison d’être dans une précision de lumière et de composition.
Pour l’anecdote, je dirai que ce qui fait aussi la richesse de mon métier c’est d’intégrer tout type de milieux sociaux où chaque famille porte sa propre histoire. J’ai souvent été amené à réalisé des reportages de mariages très haut de gamme, pour une clientèle d’Américain fortunés. Ainsi sur l’un de ces mariages, je me suis retrouvé à commencé la séance photo et découvrant au travers de mon viseur que le marié était en pantoufle. Elles étaient classe certes mais quand même ! Je n’ai rien osé dire, lui est resté ainsi toute la journée, semblant parfaitement l’assumer
Ah! cette tendance de la photographie de reportage. En 1996, le domaine de la photographie de mariage était triste à mourir. Depuis une dizaine d’année, je vois émerger beaucoup de nouveaux photographes, plus ou moins talentueux. Ce qui me gêne aujourd’hui c’est cette uniformisation consistant à désaturer un peu la couleur, à mettre le halo de lumière qui fait bien etc…Il y a dix ans nous moquions le travail de David Hamilton et là, nous sommes en plein dedans. J’avoue ne pas comprendre. Je ne suis pas contre les effets mais ceux-ci ne doivent pas remplacer le travail de la lumière et de la composition. Et puis ces termes de photojournaliste de mariage ou encore photographe lifestyle me gêne aussi. J’ai toujours précisé à mes clients que je ne me désignais pas comme photographe de mariage mais comme photographe. Tout comme j’aurai du mal aujourd’hui à me designer comme photographe lifestyle. Travailler l’instantanée, chercher à mettre en image les moments de vie, les émotions, c’est faire de la photographie, c’est être photographe. C’est être Juste bon photographe. C’est pour moi le meilleur titre, en tout cas le plus honorable.
Pour savoir que l’on a à faire à un pro, je dirai que le premier indice est le prix que celui-ci pratique. Les photographes bon marché indiquent forcement un manque d’expérience car on ne peut pratiquer ce métier en bradant sa prestation, en tout cas pas longtemps. Une étude récente donnait le tarif horaire de 10 € pour une prestation à 1500 €, en tenant compte des heures passées, du coût du matériel (de plus en plus cher!). Il ne faut pas oublier qu’un reportage mariage représente deux à trois jours de travail en plus de la journée de prise de vue. Il faut en effet compter le travail de post traitement ainsi que le travail de mise en page pour une réalisation de livre. Ensuite à chacun de juger de la qualité de tel ou tel photographe. Personnellement, je déteste les effets trop marqués et systématiques. Une fois de plus l’image doit exister en tant que telle et surtout être capable de véhiculer essentiellement de l’émotion. »
Un grand merci à Laurence.